Nombres, Orthotypographie

Abréger correctement les ordinaux: 2e, 2me, 2ème ou 2ième?

En un mot : contrairement à ces chers Shadoks, pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ?

(Photo «Morzaszum» sur Pixabay.com.)

Question

Je corrige facilement 2ème en 2e (les lettres devant se trouver en exposant). Mais je cherche à étayer cette pratique et je tombe sur une page internet selon laquelle si la seconde écriture est recommandée par l’Imprimerie nationale, la première est aussi valable. J’aimerais connaître votre avis.

L’essentiel de la réponse en un tableau

Les numéraux (déterminants ou noms) se répartissent en deux grandes catégories :

  • les cardinaux, qui désignent une quantité (un, deux, mille, trois milliards deux cents millions…);
  • les ordinaux qui, comme leur nom l’indiquent, désignent un numéro d’ordre, de rang (première ou premier, deuxième, centième, millionième). À l’exception de premier, première et de second, seconde, qui connaissent une alternance de genre, les autres ordinaux sont épicènes (même forme au féminin et au masculin).

La question portait sur les ordinaux. Voir ci-dessous le tableau des abréviations, dans toute sa simplicité typographique.

SINGULIER
premier1erIer
première1reIre
second2dIId
seconde2deIIde
deuxième2eIIe
dixième10eXe
centième100eCe
PLURIEL
premiers1ersIers
premières1resIres
seconds2dsIIds
secondes2deIIde
deuxièmes2esIIes
dixièmes10esXes
centièmes100esCes

En la matière, la règle est pratique : adjonction d’un e, éventuellement suivi d’un s au pluriel. Les exceptions de 1er, 1re, 2d, 2de étant logiques. Point n’est besoin d’ajouter de lettre(s) superfétatoire(s),

En revanche, comme le précisent Grevisse et Goosse, les numéraux indéfinis s’abrègent en nième et xième, ce qui est calqué sur leur prononciation.

Une référence : le Lexique de l’I.N.

En typographie, les auteurs prônent la simplicité

Oubliez les ~èmes et autres horrifiques ~ièmes.

  • Lexique des règles typographiques en usage à l’Imprimerie nationale (article « abréviations », p. 6) :
    • Abréviation des noms ordinaux : on abrègera première, deuxième, troisième… : 1re, 2e, 3e, et non 1ère, 2ème ou 3ème. Il convient de rappeler que 1°, 2° ; 3°… sont les abréviations de primo, secundo, tertio… le signe supérieur étant un o et non un zéro.
  • Manuel de Typographie française élémentaire d’Yves Perrousseaux, 8e éd., article « abréviations courantes », p. 57. Les remarques sont les mêmes. L’auteur précise :
    • On abrège […] deuxième par 2e et IIe (on ne met que le e final) et non par 2me, 2ème ou 2ième qui sont des erreurs courantes, même sur les écrans de nos chaînes nationales de télévision. […] Si votre logiciel ne permet pas de mettre les lettres et chiffres supérieurs, on tolèrera par défaut: 1er, Ier, etc.

L’usage est le même dans le Ramat de la typographie, éd. 2005 (p. 49: voir abréviation de premier, premiers). La méthode d’abréviation est également identique dans Le Tapuscrit (éd. de l’EHESS, 1999-2013, p. 30), guide typographiques destiné à la production d’écrits de type universitaire.

Si l’on se tourne du côté de la grammaire, Grevisse et Goosse vont résolument dans le même sens (Bon Usage, 15e éd., § 115, c, p. 124). Ils tiennent toutefois compte des limites rencontrées par les scripteurs ou parfois les contraintes qu’imposent les éditeurs sur la position des abréviations: voir plus haut sur ce point la citation de Perrousseaux).

  • Les numéraux ordinaux s’écrivent de la même manière que les cardinaux, la finale qui les caractérise étant mise en abrégé au-dessus de la ligne (ou parfois sur la ligne), de la façon suivante : 1er ou Ier = premier; 1re ou Ire = première; 1ers ou Iers = premiers; 1res ou Ires = premières; 2e ou IIe = deuxième; 2es ou IIes = deuxièmes; etc. 1er, Ier…
    On écrit donc XIXe siècle et non °XIXième siècle ou °XIXème ou °XIXme siècle [° indique dans le Bon Usage une graphie déconseillée].

Ils ajoutent cependant cette précision utile :

Mais pour les ordinaux indéfinis, on écrit xième ou nième
[NDÉ : on trouve parfois énième]

Qu’il y ait donc un autre usage constaté que la «réduction au plus simple» qui figure dans le tableau de synthèse ne signifie pas qu’il soit régulier! La présence d’erreurs orthographiques sur le Net ne les légitime pas.

Par défaut